Galerie Thaddaeus Ropac, Pantin
Du 12 au 26 septembre 2020
Vernissage : samedi 12 septembre 2020 de 12h à 22h

Ana Apostolska, Hélène Benzacar, Katia Bourdarel, Sylvain Ciavaldini, Delfine Ferré, Antonio Gagliardi, Jean-Michel Huquet-Vudici, Sophie Lecomte, Tina Merandon, Misato Naoi, Sophie Pigeron, Laurent Quenehen, Diana Quinby, Nathalie Tacheau, Dimitri Tsykalov, Eric Valette et Sandra Vanbremeersch

Commissaire d’exposition : Adrian Elie

À l’occasion de la 70ème édition de Jeune Création, l’exposition Rupture du ciel. Les années 2000 de Jeune Création à la Galerie Thaddaeus Ropac à Pantin porte un regard rétrospectif sur la décennie 2000 de l’association, une période charnière marquée par de profondes mutations. Amorcés dès les années 1990, ces changements accompagnent l’émergence de nouveaux médiums dans le champ des arts plastiques, notamment la vidéo et la photographie, une transformation de l’association qui se concrétise en 2000 avec le changement de son nom, passant de Jeune Peinture à Jeune Création.

La première décennie du XXIème siècle s’ouvre et se referme sur deux chutes, le crash de deux avions sur les tours du World Trade Center à New York en 2001 et le krash financier de l’automne 2008. Ces effondrements, conséquences d’un enchevêtrement d’événements antérieurs, sont de véritables ondes de chocs mondiales. À travers une sélection d’œuvres de dix-sept artistes, Rupture du ciel. Les années 2000 de Jeune Création est l’occasion de mettre en lumière l’impact du contexte politique, sociétal, économique, environnemental et artistique de l’époque sur l’art contemporain français à une échelle locale.

Extrait des dernières lignes de la note d’intention :

« Une autre figure de la mélancolie se tient à côté de la fille au corbeau, presque comme une sœur. Adolescente à l’allure d’elfe aux cheveux longs violacés et aux grands yeux tristes, Ann Lee est issue d’un catalogue de personnages de manga destinés à la vente et dont les droits ont été achetés par les artistes Pierre Huygue et Philippe Parreno. Extirpée de son environnement commercial, Ann Lee va être investie par plusieurs artistes dans des vidéos en 3D typiques du début des années 2000. Devenue le protagoniste de sa propre histoire, elle va au fur et à mesure de ses différentes itérations développer une conscience d’elle-même et de son statut d’image ouverte à la possession, une sorte de coquille vide. Le triptyque de photographies Ann Lee (2004) d’Hélène Benzacar est montré pour la première fois à l’occasion d’une exposition collective dédiée à Ann Lee organisée par Laurent Quenehen et Eric Valette lors du Salon Jeune Création 2004 à La Villette. Le personnage est ici habité par une véritable petite fille portant un masque à son effigie. Elle pointe du doigt quelque chose du paysage urbain mais que les trois cadrages resserrés occultent. Ce qu’elle nous désigne peut-être rien comme tout, c’est l’angle mort de la réalité élaborée par Hélène Benzacar dans lequel évolue une nouvelle Ann Lee, un autre être seuil à la croisée de notre monde et de la fiction.
Ann Lee connaîtra une postérité à la mesure de l’influence qu’elle a eue – et qu’elle a toujours – sur le monde de l’art contemporain du début du siècle. Cette aura manifeste peut s’expliquer par la manière frontale dont le personnage et les projets artistiques qui l’accompagnent abordent l’ontologie des images. Inconsolable rescapée du capitalisme à la recherche de sa propre identité, naviguant à vue sous un ciel inconstant traversé par une multitude d’évènements et d’influences qui la dépassent, Ann Lee, comme toutes les autres œuvres présentées dans cette exposition, est une des incarnations possibles de l’esprit des années 2000. «